Au revoir uncle Paul


Uncle Paul est mort ce soir, tout doucement et calmement, à la maison. 

Les temps actuels ont du bon quand ils permettent de partir entouré des siens plutôt que privé de ses proches comme ce peut être le cas dans les hôpitaux et autres endroits réservés à nos aînés -je ne cite pas le nom, c’est tellement moche. Les lieux de soins sont des endroits où il vaut mieux ne pas mettre un pied en ces temps particuliers ; au risque de ne pas en ressortir, ou d’y être seul, isolé.

Il n’est pas toujours facile de comprendre où nous en sommes des règles à respecter. Ce qui est clair, c’est qu’hier, en intervenant auprès des élèves du Lycée à la découverte olfactive des huiles essentielles,  je comprends avec effroi que les élèves et les professeurs ne connaissent pas leurs visages respectifs. Juste en soulevant à peine le masque pour humer les extraits de plantes à découvrir, ils aperçoivent ainsi des visages inconnus depuis septembre. Depuis le début d’année, chacun avance le visage masqué. Pour ces ados cabossés, l'oxygène semble manquer : “fatiguésrépondent-t-ils pour la plupart au tour de parole de leurs “météos personnelles”.

L’essentiel redevient à nouveau accessible, nous pouvons désormais nous nourrir de livres mais devrons attendre encore un peu pour retrouver le charme des salles obscures. Patience pour mon amie Marianne vraiment cinéphile devant l'éternel...

Les commerçants ont ouvert leur portes après un mois de rideau baissé, j’ai eu le plaisir de découvrir lors d’une tournée locale leurs belles boutiques et surtout un accueil chaleureux. C’est le moment de soutenir le local, entrons dans les boutiques, découvrons ce parfum de créativité, soyons dans notre zone.

L’hivernage du jardin touche à sa fin, un petit lilas déposé par les voisins viendra accompagner le pêcher dans cette nouvelle terre. L’odeur délicate qui se déploiera au printemps, fera un pont olfactif avec les milles senteurs indiennes.

Je cherche désespérément quelques branchages, des fleurs...Ici il n’y a pas comme à Pondy la possibilité de cueillir à même le trottoir, de ramasser les fleurs fraîchement tombées de l’arbre. Je m’imagine, au petit matin, sur la TVS rouge, remplir ma besace des délicates et odorantes fleurs blanches nommées aspiration.

Les rues étaient plus que jonchées de fleurs la semaine dernière après le passage du Cyclone “Nivar”. Heureusement, pas de victimes à déplorer mais comme toujours des dégâts monstrueux. Il est tombé 30cm d’eau, de quoi renouveler les nappes phréatiques...Et nous inviter à nous pencher sur la symbolique de ces phénomènes climatiques qui emportent tout sur leur passage, font place nette, dans la douleur, pour tout reconstruire.

On manifeste masqué à Paris et à Delhi, pas pour les mêmes raisons…

Sur les routes indiennes, des centaines de milliers de paysans, la plus grande grève de l’histoire de l'humanité, protestent contre les nouvelles mesures gouvernementales. Il s’agit de la suppression entre autres du prix fixe des denrées agricoles, de protection du travail. C’est désormais la porte ouverte à une mainmise de l'économie capitalistique, les petits producteurs y perdant toute possibilité de négociation avec les géants du privé. L’Inde a le triste record des suicides de paysans. Décidément, nous malmenons notre Mère nourricière.

Des années de sécheresse, un virus qui a précarisé tant de travailleurs, deux tiers de la population vivent en milieu rural en Inde : beaucoup d'ingrédients sont réunis pour soulever les foules. 

Ici et ailleurs, tout s’exacerbe. 

En France, la mobilisation massive contre des lois liberticides a réuni beaucoup de monde partout. Il s'agit moins de nourritures terrestres qu'en Inde. Dans la joie de se retrouver enfin, tous étaient réunis dans des moments festifs et émouvants selon mon ami Guillaume.

Birevi, le nouveau cyclone arrive en Inde du sud, pas de répit, mais une accélération. Le renouveau prend ses racines dans les germes de l’hiver ..

Il fait un froid de canard...Il va neiger lundi...



credit photo et illustration : Sreeman Santra

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