Chronique d'Automne1#


Comme les feuilles aux multiples couleurs d’automne, la nouvelle tant attendue est enfin tombée : je peux à nouveau m’envoler dès maintenant pour Pondichéry, ceci le jour de l’annonce des nouvelles mesures de confinement en France. Décidément, ce virus s’amuse avec mon souci de réunir ces deux mondes…


Je redécouvre avec joie l’abondance de cette saison que j’aime tant ; l’abondance des cueillettes de champignons, pommes, poires, coings, noix et châtaignes comble mes balades quotidiennes dans la campagne charolaise redevenue si verte.


L’humidité et les pluies bourguignonnes tant attendues après la vertigineuse sécheresse de cet été réussissent à me faire oublier la joie que j'éprouve chaque année en Inde avec la mousson commençante.


Je retrouverai ma vie indienne alors que la saison des pluies touchera à sa fin, je me plongerai dans l’hiver indien et laisserai sans regret la chaleur du poêle crépitant tout au long du jour.


Le retour est prévu mi-décembre.


Ces derniers mois se sont écoulés dans cette inquiétude qui m'a gagnée malgré mon optimisme légendaire. L'incertitude a créé une bien belle agitation intérieure.


Les nouvelles de Pondy sont diverses et variées. Il semble que là-bas comme ici, chacun a sa propre lecture de cette situation aussi nouvelle qu’inédite.


Et si ce qui nous est donné à vivre n'était que le révélateur de nos schémas intérieurs ?


Ces quelques mois de retour au pays natal me nourrissent au quotidien, la vue du ciel du haut de la Montgolfière de mon petit frère Laurent et sa dream team familiale, hier au lever du soleil brumeux, offre une vision multidimensionnelle, une manière plus intégrale de voir le monde


Et c’est bon…

 

Pondichéry se relève doucement de ces mois endormis, le Dining-Room, la cantine de l’Ashram, a ouvert ses portes à nouveau lundi dernier et le grand marché Goubert multicolore, si cher aux Pondichériens et aux touristes, retrouvera Nehru Street après des mois d’exil à la station de bus.


Tandis qu’ici, le couvre-feu s’est invité depuis samedi dernier, chacun.e s’organise, tout redevient silencieux après 21h et s’agite à l'intérieur entre peurs, résignations et habitudes.


Les dernières roses apportent une petite touche colorée dans les jardins qui se préparent pour l’hiver, les tonalités florales de la saison viennent dès maintenant de la multitude de chrysanthèmes colorés qui envahissent les étals des fleuristes et les cimetières en ces veilles de Toussaint.


La fête de tous les saints dans l'Hexagone me ramène aux si nombreuses célébrations qui jalonnent la vie quotidienne indienne. Ici, la tradition ne raconte pas la foi et la dévotion présentes dans chaque rituel de la-bas mais le souvenir.


Ma mère pensait que je ne repartirais pas...


Cette vie, ma vie, qui s’inscrit dans deux zones géographiques si différentes m’apporte tant de richesses, des espaces de transition que j’essaie de vivre en toute gratitude.


Les projets de jardin vont bon train à Pringues, je serai de retour au Printemps pour les premiers légumes de la saison après m'être délectée des si savoureuses mangues indiennes.


Ici ou ailleurs, la résilience de la nature - vue du ciel ou les pieds ancrés dans la terre - m’invite comme chaque matin à m'imprégner des odeurs du Charollais humide et verdoyant, tout en rêvant de l’air doux et tout autant vivifiant de la Baie du Bengale.

 

Commentaires

  1. MERCI Isabelle pour ces lignes "colorées " pleine de charme, d'auhtencité et de voluptées malgré le contexte.
    Ces lignes pleines d'intériotité sont intenses ; elles me parlent qand tu écris :" L'incertitude a créé une bien belle agitation intérieure" qu'elle soit l'officine d'une belle créativité, un retour vers le VRAI....de demain !

    RépondreSupprimer
  2. Merci de nous laisser sentir ces 2 univers qui se côtoient dans ton cœur et nous amènent à danser avec toi...

    RépondreSupprimer
  3. Que de douceur de finesse dans tes écrits.
    J apprécie les intonations les odeurs de poney dans tes mots. Cela fait résonnance et plaisir.
    Tendresse et amitiés
    Annie schloupt

    RépondreSupprimer
  4. Réponses
    1. Merci Véronique ? Damien? C'est tellement bon d’écrire, je me régale.
      Je suis toujours heureuse de lire de vos nouvelles de ci de là. votre lieu respire le bon, le beau, le vrai. Plein de bises de Pringues ou je suis avant de repartir fin decembre. Je pense souvent à toi Véronique quand je pousse ma brouette pour rentrer du bois.

      Supprimer
  5. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
  6. Que de plaisir a te lire Isabelle ! Et etre transportée a nouveau dans cette Inde ennivrante qui a laissé une empreinte indéfinissable dans mon coeur. Bon retour a toi !
    Peut-être à un de ces jours, in india !
    Marie-Agnès

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci Marie-Agnes. Je rentre au pays le 31 décembre. Youpi...

      Supprimer

Enregistrer un commentaire

Retrouvez les articles les plus consultés

Le politique et le sacré

Parfum d'ubiquité...

Chronique d'un retour annoncé