Chronique Indienne 13#



En Inde, les selfies sont tout une histoire. Chacun.e peut se souvenir avoir été accosté.e au détour d'une rue pour répondre à une demande insistante d'immortaliser la situation.

L'Inde est le plus grand utilisateur de WhatsApp au monde, c'est un pays où l'on transfère toujours de nombreuses photos, vidéos, images aussi diverses que variées dans un ensemble parfois un peu incongru.
Avec les masques qui commencent à devenir un accessoire de mode, les selfies restent toujours très prisés. 

Bien que de plus en plus de personnes mettent lesdits masques, la mauvaise nouvelle est que la situation sanitaire ne semble pas s'arranger.
Les rumeurs annoncent pour les jours à venir un nouveau confinement afin de répondre à une augmentation de la contamination qui pourrait laisser penser à ce qui s’est passé en France les dernières semaines de mars. Les chiffres montrent un doublement des cas chaque jour.

Le temple du cheval fait le plein de mariages au quotidien, comme un rattrapage des dernières semaines. Les bus encombrent la rue, ramènent les familles venues de loin pour la cérémonie. Ils laissent à peine circuler les parades fleuries et bruyantes, voire pétaradantes, des cortèges funéraires sur le chemin des crémations. Les fleurs multicolores qui jonchent le sol signifient, grâce aux rituels de la mort, que la vie reprend.

Pourtant la vie économique ne suit pas le même chemin. Le commerce reste limité aux besoins de première nécessité et les restaurants ne suscitent pas vraiment l'engouement. J'avoue ne pas avoir osé me laisser tenter par un masala vadai chez Surguru.

Les derniers mois de confinement ont-ils redonné le goût de la cuisine maison, tout aussi fine et délicieuse que celle des traditionnels dhabas?

Ici comme ailleurs, il semble bon de préserver les nouvelles habitudes nées du confinement. Vont-elles se pérenniser ?

La mousson a débuté à Mumbai, on peut sentir que la pression atmosphérique change, la pluie inattendue ici au sud est vraiment surprenante à ce moment de l'année. L'attention soutenue de mon élève Sanhita a soudain été perturbée, un grand rire nous a secouées. 
Il pleut, dit-elle !
J'aime la pluie indienne, toujours associée à la joie. Celle qui me fait redevenir enfant, comme un vent de liberté, d'abondance. Cela me donne aussi une illusion de fraîcheur vite dissipée par une humidité difficilement supportable. La nature apprécie, les nappes phréatiques aussi.


Les graffitis d'un street-art qui semble avoir fleuri depuis peu se laissent découvrir dans les rues ayant perdu la foule grouillante des Pondichériens.
Résisteront-ils aux pluies à venir ?

Après les averses même fugaces, les petites fleurs jaunes, blanches ou roses poussent comme des champignons, des crocus qu'ici on appelle prières. 

Les lieux de culte font le plein, une queue disciplinée fait le tour du temple de Ganesh, la célèbre éléphante Lasksmi est quant à elle toujours confinée.

L'Ashram de Sri Aurobindo s'offre en une expérience unique.
A l'intérieur les murs sont repeints à neuf, ce bleu tellement identifiable. Le cœur du yoga intégral vibre plus fort que jamais.

Les flamboyants étaient si lumineux encore, sur la route de l'aéroport de Bangalore, ce soir.

Le vol Air France ferme ses portes.
Je m'envole pour la France.
Un aller simple. Ma mère m'attend, elle se sent déjà  beaucoup mieux.
Je serai de retour bientôt...

Commentaires

  1. je m'inquiète pour les éléphants qui sont maltraités ...
    Ceux aussi destinés aux touristes ...
    Ce texte donne envie de partir vers cet Ashram !!

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