Chronique Indienne 6#

Il est 9 h du matin, me voici déjà claquemurée dans ma chambre soulagée par l'air conditionné que je chéris comme un des millions de dieux du Panthéon indien.

Depuis hier matin, très nettement la bascule est intervenue, la régulière et salvatrice brise fraîche venant de la mer qui adoucit tout au long de l'année le climat subtropical de cette région de l'Inde s'est retirée pour un petit mois.
Un phénomène climatique qui se produit chaque année fin avril début mai.
En effet, durant cette période, la brise souffle toujours et est devenue si chaude, car ne venant plus du large mais des terres brûlantes.
Ce qui veut concrètement dire, que même la terrasse à l'aurore a perdu les charmes de sa douceur matinale, que l'exercice quotidien si prisé des Pondicherriens au soleil levant devient soudainement moins agréable.

Il est 9h, la température ressentie taquine les 40°C, je reviens d'un rapide tour de la ville, qui semble endormie jour et nuit, où seules les blouses roses semblent avoir été oubliées de ce confinement qui n'en finit pas.
Inlassablement, ce sont les femmes (les blouses roses) qui assurent la propreté de notre Pondy maintenant presque déserté.

Les interrogations commencent (continuent), nous sommes censés être confinés jusqu'au 3 mai, chacun y va de son hypothèse, relaie une rumeur.

J'ai du mal à faire la part entre mon optimisme légendaire, le point d'honneur que je mets à voir la réalité telle qu'elle est et la petite partie de moi, inquiète, qui essaie de ne pas se laisser attraper par le fait que les vols, l'ouverture des frontières semblent repoussés aux calendes grecques...

En attendant, ne pas faiblir, continuer la routine.

Mes chaussures venues de Chine, achetées au fond du Brionnais, un matin nécessiteux, n'ont pas résisté au double effet du climat et d'une utilisation intense.

Et si j'en crois les discours ambiants de l'Inde envers les produits chinois, la Chine déjà ennemi numéro 1 en temps normal, fait l'objet d'encouragement au boycott de ses exportations,  je risque de devoir continuer pieds nus à arpenter en long en large ma terrasse, monter et descendre les escaliers pendant un moment encore...

La terrasse du 66 devient de plus en plus ouverte, chacun semble apprécier cet espace social devenu si indispensable sous le prétexte de prendre l'air et faire bouger le corps.

Le fameux Patriache semble fatigué, mélancolique presque, il m'a fait écouter la douce mélodie de la musique cashmiree venue du Nord et ce matin plus de questions, seulement des gestes et un regard qui a perdu sa lumière, qui exprime l'interrogation.

Un même regard pour tous les exilés du confinement ? Celui qui essaie d'imaginer quand sera possible le retour au pays et surtout dans quel monde nous serons demain.

Assurément un nouveau monde, si nous sommes prêts à changer notre regard, mettre les nouvelles lunettes que nous apportent ces jours, si différents pour chacun.

Commentaires

  1. Ici, même si l on énumère les effets bénéfiques du confinement, ce qui est juste, on ne peut s empêcher de repérer les stygmates de l en fermement. Des traces indélébiles, on dit qu on aura tout oublié dans 6 mois mais je ne crois pas. On est allés chercher trop loin tout au fond de nous, certains y ont trouvé la lumière, d autres les ténèbres, peu importe au fond ce qui est intéressant C est l experience et comment nos cellules ont enregistré tout ça.
    Mais ici en Provence dans le hameau des irréductibles gaulois, la vie à continué comme avant, mes voisins ont jardine, fait de la musique et quand je suis rentrée J ai retrouvé la vie d avant.

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  2. Merci pour votre message. Pour moi, ce qui est important ce n'est pas la vie d'avant des autres, c'est celle du présent, la vie à laquelle je porte toute mon attention et qui donne forme à l'émergence.

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