Chronique Indienne 5#

Depuis hier 20 avril, ici, certaines restrictions sont levées et en même temps nous sommes toujours en confinement jusqu'au 3 mai comme précédemment annoncé.

C'est à y perdre un peu son latin...dans les faits, les rues sont plus animés, les 2 roues circulent avec des conducteurs et passagers de plus en plus masqués...
Masqués et un bien grand mot, plutôt le visage recouvert d'un bon grand mouchoir comme nous pourrions trouver dans les armoires de nos grands-pères.
A ce titre, le non port du masque est semble-t-il passible d'une amende et la conduite à plus de 2 sur les 2 roues également.
Effectivement, il est un peu difficile de maintenir la distanciation sociale dans ce dernier cas.

Il n'est pas rare d'observer que certaines femmes ne se déplacent pas seules, que certains hommes ne sont pas en mesure de faire les achats ( ils n'en ont jamais faits pour la maison), que certains ne savent absolument pas faire à manger dans un contexte ou tout le personnel de maison est chez lui et que les multitudes d'échoppes d'excellents "street food" ont disparues de la circulation.
La question culturelle liée au confinement évoquée dans les médias à travers le monde est posée ici, visible.

Une nouvelle vie se met donc en place, comme un peu partout j'imagine avec son inventivité et sa créativité.

De jeunes garçons sur la terasse d'à côté ont improvisé un fitness club en plein air (toujours pas de filles), à quelques pas un terrain de pétanque a pris place (toujours sans femmes).
Pour la plupart d'entres elles, la vie n'est pas si différente actuellement avec la question économique en plus. Pour les emplois réguliers, c'est loin d'être la majorité, les salaires semblent être maintenues.
Le gouvernement propose des aides financières, faut-il avoir de papiers qui rapellons le n'est pas le cas pour  (j'attends confirmation du chiffre)% de la population.

La bonne nouvelle de l'assouplissement du confinement, c'est que l'activité reprend dans l'agriculture et certains secteurs....mais est-ce vraiment une bonne nouvelle. Difficile de savoir.

Ce qui ne change pas ce sont les passages de la police avec hauts parleurs dans les rues.
Les messages en Tamoul sont gentiment traduits par mon petit voisin Aum âgé de 10 ans. Aum c'est son prénom, qui veut dire le son primordial. Etudiant à l'école de l'Ashram, il parle Tamoul par sa mère, Bengali par son père, Hindi de par ses premières années et sa naissance à Bombay. Il a commencé sa scolarité au  Lycée francais, il s'exprime aussi en français et bien sûr en anglais.
Cela me fascine toujours.

Malgre la limite de la conversation avec la grande famille cashmiree ( bloquée à Pondy depuis le début du confinement, elle n'a pu rejoindre les montagnes dans les quatre heures entre l'annonce du confinement par le premier ministre Modi à la population et la mise en œuvre effective), quelques mots d'anglais seulement, je n'ai pas échappé à l'habituelle question du mariage.
J'ai vu dans les yeux de ce vieil homme et ses propos avec insistance que ma réponse n'était pas entendable (étant célibataire, j'ai l'habitude de toujours répondre que je suis marié pour éviter ce genre d'incompréhension) ..le mariage est la première chose répéte t'-il, la première chose de je ne sais pas bien quoi...
En tout cas, difficile d'imaginer la vie sans ces alliances qui régissent encore en très grand partie la vie sociale, économique et culturelle en Inde.

Chaque matin, j'essaie de ressentir cette atmosphère si familière et encore étrangère en cette periode particulière du haut de ma terrasse. Le pound (bassin) du temple adjacent reflète les palmiers et un avion naufragé, en plastique certainement venu de Chine, flotte avec peine à la surface

A l'image du traffic aérien, sous ce ciel si pur, je me demande aussi quant les frontières vont-elles réouvrir et retrouver ma mère?


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